Notre podcast 


Dans le cadre de cette controverse, nous avons réalisé un podcast afin de laisser la parole à nos intervenants afin de vous parler du dessalement, son utilité, danger et autres aspects.

Notre enquête de terrain


Nous avons contacté de multiples personnes afin de récolter des informations mais aussi différents points de vue sur la controverse. Que cela soit du point de vue technique, environnemental ou économique.

Vous pouvez retrouver le résumé de nos différentes interviews ci-dessous sous la forme de synthèses globales des échanges.

Christophe Mori

Hydrobiologiste, écologue et professeur

 

​En résumé

Résumé de l'échange

Présentation du sujet, methodes et enjeux :
Des impacts écologiques évoqués :
Exemple avec le cas d'Israel :

Patricia Leclercq

Pôle service de proximité à Lorient service eau et assainissement 

 

​En résumé

Suite à un déficit pluviométrique en automne 2021 et au printemps 2022, l’île de Groix a dû choisir entre 2 solutions pour s’approvisionner en eau. Soit par bateau depuis le continent ou alors construire une unité de dessalement sur place. La première idée ayant été abandonnée car ce manque d’eau de pluie était également un problème sur le continent sur le continent. L’unité de dessalement fut opérationnelle le 5 août 2022 et a permis de produire 20 000 mètres cubes en 1 mois et demi octroyant suffisamment d’eau à l’île pour répondre aux besoins de la saison estivale.

Cette production a pu s’effectuer à l’aide des 80 000 mètres cube d’eau salée prélevés dans les eaux côtières.  Il faut tout de même compter près de 60 000 mètres cube de saumures qui ont été rejetées dans la mer.

Suites à diverses analyses sur l’impact possible de ce rejet sur l’environnement, il a été démontré que le milieu marin autour de Groix n’avait pas changé.

L’installation fut mise à l’arrêt suite à son endommagement à cause de tempêtes et de fortes marées. 


  • Si jamais cela devait se reproduire, que feriez-vous ?

Si cela devait se reproduire, il faudrait mieux gérer les forages en période hivernale afin « qu’ils puissent être regonflés pour pouvoir mieux les utiliser l'été ». Tout en surveillant toutes les réserves pour éviter de se retrouver à nouveau dans une situation critique.


Guénaëlle Cartier

Ingénieure conseille

 

​En résumé

Je me présente, « j’ai travaillé dans un bureau d’études. C'est là que j'ai fait beaucoup d'études autour du dessalement d'eau de mer pour des projets principalement au Maroc. En 2012, j'ai quitté le bureau d'études et j'ai fait sept ans dans le groupe SAUR », un groupe de distribution d’eau. En effet, « ce sont des sociétés privées qui font la délégation de service public sur un contrat d'exploitation de distribution d'eau et d’assainissement. Quand vous payez votre facture d'eau, normalement, vous la payez directement à la collectivité. Mais souvent, c’est un délégataire privé qui en a la charge. ».


  • Quelles étaient vos missions ?

Principalement des études pour l’installation d’usines de dessalement. « C'était plutôt du dimensionnement des installations sur la base de dossiers d'appel d'offres de collectivités qui souhaitaient mettre en place des installations de dessalement. »


  • Avez-vous eu l'occasion de travailler avec différentes méthodes de dessalement ?

Non, je n’ai travaillé que sur le traitement membranaire. Il existe également la méthode dite thermique ou de distillation qui n’est pratiquée que dans les pays du Golfe qui ont une énergie pas chère, « car la distillation thermique ça consomme peut-être dix fois plus d'énergie que le traitement par membrane ». Pour en revenir au traitement membranaire, il n’existe qu’une seule méthode : l’osmose inverse. « On va faire appliquer une pression sur l'eau de mer supérieure à la pression osmotique de l'eau à travers une membrane, un semi perméable à l'eau. Alors l'eau va traverser la membrane et elle va retenir les sels. Donc d'un côté, on va récupérer ce qu’on appelle le perméat débarrassé des sels et de l'autre côté on récupère un concentra salé à 70 g/L ».

Ce qui change en revanche c’est la prise en mer. Il en existe deux principales, d’un côté les puits côtiers de l’autre la prise directe. La première consiste à effectuer des forages sur les côtes, ce qui va permettre de récupérer de l’eau préfiltrée par le sable, qui ne nécessitera donc pas beaucoup de traitement avant son dessalement. La deuxième consiste à prélever l’eau directement dans la mer, mais cette méthode va nécessiter bien plus de traitements pour que l’eau puisse être correctement dessalée.

Une fois dessalée, l’eau va devoir recevoir plusieurs post-traitements. En effet, l’eau pure est impropre à la consommation et doit être reminéralisée.


  • Enfin, avez-vous travaillez sur l'impact environnemental du rejet de la saumure ?

Non, « puisque quand on répond à un appel d'offres, d’une collectivité en général, il y a un bureau d'études qui, au préalable, a fait normalement une étude d'impact et qui donc a défini plus ou moins bien les risques. Je pense que maintenant, on sait qu'on s'est beaucoup amélioré. Aujourd’hui, il faut faire des études d'impact et il faut définir le point de rejet le moins perturbateur du milieu naturel. Et aussi, il y a des technologies qui existent pour, diffuser au mieux la saumure dans la mer sans avoir d'impact, en minimisant l'impact local. Ce n'est pas tant un impact global, parce que le volume de la mer est tel que ce ne sont pas les quelques milliers de mètres cubes qu’on rejette dedans qui vont perturber la mer en général.

Mais par contre, à l'endroit où vous rejetez une saumure à 70 grammes alors que les organismes vivants sont habitués à une eau moins salée, eh bien, ça pose des problèmes. Le mieux que l’on puisse faire c’est de diffuser au mieux pour diluer le plus rapidement possible la saumure avec l'eau de mer ».


Stanislas de Montlebert

Président d'Eaudace


​En résumé

Nous avons pris contact avec Stanislas de Montlebert, consultant chez Eaudace, au sujet du dessalement de l’eau. Il faut savoir que le dessalement de l’eau ne sert pas uniquement à obtenir de l’eau potable mais sert aussi aux processus industriels.

  • Est-ce que pour vous pouvez nous présenter selon vous, quels sont les avantages et les inconvénients de la désalinisation ?

Le premier avantage est l’accessibilité, étant donné que la moitié de la population mondiale vit à moins de 50 km des côtes. Le deuxième avantage, c’est son coût qui devient abordable économiquement, car la production devient de moins en moins chère. Cela permet d’être moins dépendant pour les pays connaissant un fort stress hydrique. La contrepartie étant qu’il faut trouver des zones où relâcher la saumure sans avoir trop d’impact sur les écosystèmes.

 

  • Est-ce que vous pouvez nous en dire un petit peu plus sur les différentes méthodes qui existent ?

Actuellement, deux méthodes sont utilisées : la thermique et l'osmose inverse. La méthode thermique devient intéressante uniquement en présence d'une source de chaleur facilement accessible et peu coûteuse. En revanche, l'osmose inverse est la méthode la plus répandue, la moins coûteuse et la plus développée.

  • Est-ce que lors de votre expérience, vous avez pu voir différentes solutions afin de traiter la saumure, éviter son impact ?

Il y a peu de méthodes utilisées pour traiter les saumures. Dans les pays du Golfe on va pouvoir la mettre dans des puits de pétrole épuisés. Autrement elle va être dispersée dans la mer avec des bateaux pour diluer les saumures au large mais cela reviendrait vite cher.

  • Dans quel domaine avez-vous travaillé avec votre start-up ? Que ce soit géographiquement ou au niveau des techniques utilisées.

Le marché principal, c’est la récupération du lithium dans l’eau. C’est un marché qui va être en grande partie en Amérique latine, au Chili, en Bolivie et en Argentine. C’est dans ces pays que la technologie se développe le plus, il s’agit d’une extraction liquide-liquide à l’aide d’une résine spéciale brevetée.

  • Vous nous avez parlé de différents pays dans lesquels on utilise le dessalement. Est ce qu'il y a eu des populations qui étaient contre l'installation des différentes usines de dessalement ?

J’ai fait une installation en Afrique. Il ne s'agissait pas du dessalement de l'eau de mer, mais plutôt de l'assainissement de l'eau polluée à l'arsenic, ce qui revient au même car il faut enlever les sels de l’eau pour la rendre propre à la consommation. Les obstacles à l'installation se présentent sous trois aspects.

Tout d'abord, le coût, qui ne sera pas nécessairement le plus grand problème étant donné que les personnes vivant dans les bidonvilles paient déjà l'accès à l'eau à des intermédiaires douteux pour obtenir de l'eau en bouteille, qui n'est pas toujours potable, et ce, à un prix élevé.

Le deuxième obstacle concerne l'utilisation des équipements de désalinisation par les marabouts pour étendre leur influence en prétendant utiliser des pouvoirs magiques pour rendre l’eau propre.

Enfin, le troisième point concerne l'entretien, car il est nécessaire que des personnes ne sachant ni lire ni écrire puissent gérer les installations, qui ne sont pas faciles à entretenir.


 

Benjamin Henry

Chef de projet Osmosun®


​En résumé

"Mon expérience dans le dessalement est 5 années de mise en service et 2 années de chef de projet autour de solutions de dessalement par osmose inverse. Il y a deux méthodes de dessalement très utilisées. L'évaporation et l'osmose inverse. Le gros avantage de l'évaporation c'est que l'on récupère les minéraux solides donc potentiellement réutilisables mais le cout énergétique est très haut (40-60 kWh/m3). L'osmose dépense moins d'énergie (4-5 kWh/m3) mais nécessite de gérer la saumure.    

Les conséquences environnementales à très court terme des rejets de saumures sont terribles car si le point de rejet n'est pas adapté cela aboutit à une surconcentration en sel et à la mort de toute vie sous marine. Il existe des moyens de les atténuer, voir même de les éliminer, mais il faut que cela soit géré dès le début du projet.

En gros, il faut:

  •  plusieurs points de rejets
  •  la dilution des rejets avec de l'eau brute
  •  un brassage eau brute/saumure efficace"